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Cultiver la poire, de l'Europe à l'Asie en passant par la Sibérie

Collaboration spéciale Johanne Poulin


Variétés de poires étalées sur un fond vert lime

Cultiver la poire au Québec, c'est entreprendre un long voyage aux quatre coins du globe pour ne rapporter dans ses bagages que les variétés qui survivront à nos longs hivers. Heureusement pour nous, il en existe plusieurs. Découvrez lesquelles, mais surtout comment les accueillir dans votre jardin. Tout est affaire de patience.


 

TYPES DE POIRIER


Il existe trois types de poirier au Québec : européen, sibérien et asiatique.


Thermomètre

IMPORTANT À SAVOIR!

Une zone de rusticité est une zone géographique dans laquelle une catégorie spécifique de plante est capable de vivre, c'est-à-dire de supporter les températures minimales hivernales de cette zone.


Au Québec, les zones de rusticité varient de 0 à 5, avec des subdivisions en a et b. La zone 0 est la plus froide et la zone 5b est la plus chaude. Afin de déterminer sa zone, on peut consulter le site du ministère des Ressources naturelles du Canada.



Européen

Poires Beauté flamande
Beauté Flamande

Le plus cultivé au Québec, puisqu'il se plaît dans un zonage de 3 à 5. Il devra toutefois être planté dans un endroit à l’abri des grands vents d’hiver. Son fruit de vert à rouge est de forme traditionnelle avec une saveur douce et sucrée, ainsi qu'une texture crémeuse légèrement granuleuse.


Variétés que l'on peut dénicher dans un centre de jardin : Bartlett, Beauté Flamande, Clapp's Favoriste, Patten, Sainte-Sophie, Savignac et Summercrisp.



Poires Early Gold
Early Gold

Sibérien

Sans contredit le plus résistant à nos hivers, puisqu'il est zoné de 2 à 3. Ses fruits sont

plutôt petits, la peau est épaisse et la saveur est riche et parfumée.


Variétés parfois disponibles : Early Gold, Golden Spice, John, Ure.







Grosse poire Chojuro
Chojuro

Asiatique

Peu cultivé au Québec, car il exige un zonage assez élevé, soit 4b à 5. Pour cette raison, il devra être planté dans un secteur qu’on appelle microclimat, c'est-à-dire protégé des grands vents froids d’hiver et à l'endroit le plus chaud de votre terrain. Les fruits jaunes de forme plutôt ronde sont fermes et croquants.


Variétés parfois disponibles : Chojuro, Kosui, Korean Giant, Shinko.




 

AVANT DE COMMENCER


Le poirier n’est pas autofécond, il vous faut donc deux poiriers de même type pour que la pollinisation s’opère. Si par chance votre voisin possède un poirier du même type et à moins de 60 mètres, la pollinisation pourra s’effectuer.  On ne peut pas combiner deux types différents, donc pas d'européen avec un sibérien. Tous les joueurs doivent absolument provenir de la même équipe!

 

La production de fruits commencera autour de la septième année de vie du poirier.

Il arrive parfois que ce soit plus tôt, mais avec le poirier on doit se montrer trrrrès patient. Toujours partant?

 

 

LA PLANTATION


Vous êtes toujours là? Bravo! Poursuivons avec la plantation. Dans le cas d'un poirier acheté en pot, on peut planter du printemps jusqu'à l’automne et au printemps seulement pour ceux à racines nues.


Choisir un endroit ensoleillé, à l’abri du vent et des gels printaniers. Le sol doit être bien drainé sans toutefois être trop riche. Le poirier est peu gourmand. Respecter une distance de 3 à 4 mètres entre chaque arbre afin de maintenir une bonne circulation d’air et un maximum d'ensoleillement.


Pour s’assurer d’un bon succès lors de la plantation, on creuse un trou deux fois plus large et profond que la motte déjà formée. Il ne faut pas enterrer plus profond que la motte déjà formée, car ceci aurait pour effet d’étouffer l’arbre et de le faire mourir éventuellement. Dans le cas d’un poirier à racines nues, on enterre jusque par-dessus les racines existantes.


Plantation d'une arbre fruitier à racines nues

On en profite pour mélanger au terreau existant un bon compost et un engrais de transplantation tel que l’os fossile. 


Après la plantation un généreux arrosage s’impose. Ajouter un engrais soluble dans l’eau d’arrosage de type 10-52-10 afin de stimuler l’enracinement.


Pour éviter que les mauvaises herbes entrent en compétition avec votre jeune poirier, on applique une bonne épaisseur de paillis au sol durant ses premières années. Puis on ajoute un tuteur pour stabiliser le jeune arbre et éviter ainsi des bris au niveau des racines. Une fois bien enraciné, c’est-à-dire après 2 ou 3 ans, on enlève le tuteur qui pourrait blesser l’écorce à long terme.




 

LA FERTILISATION


Des apports de compost et d’engrais à dégradation lente, tel que le Bio-Jardin et l’Acti-Sol pour potager donneront de bons résultats. On applique compost et engrais une fois au printemps au pourtour des branches. Une deuxième application 4 à 6 semaines plus tard sera suffisante. Suivre la posologie du fabricant pour les quantités.


 

LA TAILLE


Un poirier mature peut atteindre 10 mètres de haut par 6 mètres de large. On peut toutefois en restreindre la hauteur en procédant à des tailles. Lorsque l’arbre atteint la hauteur désirée, couper la tête. Couper ensuite tout ce qui pousse plus haut. C'est simple et efficace, mais avouons-le assez drastique.


La taille du poirier est semblable à celle du pommier. Elle s’effectue au printemps, en mars ou avril, avant le débourrement des bourgeons. Durant les premières années, conserver au moins 3 à 5 branches charpentières bien équilibrées autour du tronc afin de créer la forme de votre poirier.


On retire les branches qui poussent à la verticale, car elles ont tendance à ne produire que du feuillage, donc pas de fruits. On en profite aussi pour retirer les gourmands qui émergent du sol.

Graphique sur la taille des arbres

Au fil des années, des branches finiront par s’entrecroiser et éventuellement se nuire l’une l’autre. Il faudra alors faire un choix et en sacrifier une. On choisit celle qui semble la plus forte et dont l’angle par rapport au tronc est le moins aigu. Lorsque les branches sont chargées de fruits et que le poids est considérable, les branches avec un angle aigu auront tendance à cassers près du tronc, formant une vilaine blessure qui pourrait ne pas guérir.


 

MON POIRIER NE DONNE PAS DE FRUITS!


Il peut y avoir plusieurs raisons, en voici quelques-unes...

 

Certains poiriers sont bisannuels, c'est-à-dire qu'ils produisent aux deux ans. Ça ne veut pas dire qu’il n’y aura aucun fruit une année sur deux, mais la récolte sera moindre.

 

Des vents froids de -20°C ont fait geler les bourgeons à fruit. Vous aurez alors droit à du feuillage, peut-être quelques fleurs, mais pas de fruits qui se rendront à maturité. Le choix de l’emplacement est d’autant plus important.

 

Un manque d’eau à l’automne a fait avorter les bourgeons à fruits. Si l'automne est sec, s'assurer de bien arroser vos poiriers.

 

L’absence de pollinisateurs! Par temps pluvieux, les bourdons et les abeilles ne sortent pas. S’il pleut tout le temps alors que les poiriers sont en fleur, la pollinisation sera très faible. Donc pas beaucoup de fruits.

 

Voici la dernière et sans contredit la plus inconnue. Comme mentionné précédemment, les branches qui poussent à la verticale ont tendance à ne pas donner de fruits. Si les branches poussent davantage à la verticale qu’à l’horizontale, il faut suspendre des poids au bout des branches afin de les ramener à l'horizontale et ainsi stimuler la production de bourgeons à fruits.


Un petit bloc de bois attaché à une corde fera l’affaire. Dès que la branche aura pris la position désirée, on enlève le bloc et le tour est joué. Pas compliqué, mais un tantinet laborieux.

 

 

LES INDÉSIRABLES


Il est recommandé d’appliquer l’huile de dormance contre les insectes qui se logent sur l’écorce sous forme de larves ou d’œufs. Cette huile épaisse vise à envelopper les indésirables, les empêchant de se développer.


Poire pleine de tavelure
Crédit photo : Turner Sutton, North Carolina State University

La tavelure est un champignon qui produit des taches noires sur le fruit. Si elle n’est pas traitée, au fil des années le champignon deviendra de plus en plus gros et engendrera des crevasses sur les fruits. Deux solutions : l’application de bouillie soufrée pour empêcher son développement et le ramassage des feuilles à l’automne. Idéalement, on brûle ces feuilles afin d'éviter de propager le problème ailleurs.


 

UNE PATIENCE QUI PORTE FRUITS... très longtemps


Le poirier n’est pas un arbre fruitier bien compliqué et ses fruits, lesquels se conservent bien pour la plupart, en valent largement la peine. Qui plus est, il n’est pas gourmand et requiert peu d’entretien.


Il suffit de suivre nos quelques conseils pour qu'il s'épanouisse dans votre jardin pour les 100 prochaines années à venir!

Petite poire sur fond blanc




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